Interview de Christelle Lison

Professeure au Département de pédagogie de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada)

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Christelle Lison CAP

Christelle Lison CAP

Christelle Lison est professeure au Département de pédagogie de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada). Spécialisée en enseignement supérieur, elle s’intéresse à la formation des enseignants du postsecondaire et à leur développement professionnel, aux innovations curriculaires et pédagogiques, à l’évaluation de l’enseignement par les étudiants et à ses retombées sur la transformation des pratiques pédagogiques des enseignants, de même qu’à l’encadrement aux cycles supérieurs.
 
  • Elle est intervenue le 18 février dernier à l'UPVD sur le thème du Présentiel, distanciel, hybride : les différents modes d’enseignement.
    1. Quels thèmes avez-vous abordé lors de votre conférence ?
Nous avons discuté d’enseignement présentiel, à distance et en format hybride. Ensemble, on a essayé de regarder quels sont les formats possibles, les différences entre eux, mais aussi leurs ressemblances. Parce qu’évidemment, ce sont des modes de diffusion de l’enseignement mais ils ne changent rien à la démarche « en arrière » réalisée par les enseignants et enseignants-chercheurs. Donc, tout ce qui touche à la démarche de design de formation, de design pédagogique, d’alignement techno-pédagogique restent présents quel que soit le format choisi. Alors, on a essayé de regarder ensemble les différences mais aussi les ressemblances, les actions imposées, plus spécifiquement lorsque l’on est en format à distance ou en format hybride, format que l’on connaît fort bien depuis maintenant une année.

    2. Racontez-nous une expérience en pédagogie innovante
C’est intéressant par ce qu’en fait, la pédagogie innovante, on en voit assez souvent. L’innovation, c’est introduire du nouveau dans un contexte donné. Donc, je vous dirai que ce que vous mettez en place dans vos enseignements et qui n’est pas quelque chose de courant dans le cadre de votre enseignement, de votre discipline, de votre université, se situe dans un espace d’innovation. La 1ère fois que j’ai vu l’utilisation de ce que l’on appelle les « escape games » dans des formations, que ce soit à l’enseignement mais aussi dans d’autres domaines comme la physique ou la chimie, j’ai trouvé que c’était une expérience très intéressante. On met les étudiants dans un contexte particulier, on les amène aussi à avoir une dynamique différente (dans ce cas-là, il y avait une dynamique compétitive saine) mais on est aussi dans la logique de développer des connaissances et des compétences. Evidemment, par la suite, il y a tout un travail pour favoriser l’institutionnalisation des éléments qui ont été utilisés dans le jeu et je vous dirai que c’est une clé en pédagogie de l’Enseignement Supérieur : s’assurer que le moyen ne fasse pas perdre de vue la finalité. La finalité, ce sont les apprentissages des étudiants et le moyen, ce sont les stratégies d’enseignement qui sont mises en place ou l’innovation pédagogique. En ce sens-là, l’innovation pédagogique est un moyen et non une fin.

    3. Quels conseils donneriez-vous à nos enseignants ?   
Mon 1er conseil, c’est avant tout de vous faire confiance, de vous dire que vous êtes dans une posture où vous avez la possibilité d’avoir des idées. Ne vous laissez pas enfermer dans vos habitudes pédagogiques, offrez-vous le droit à l’erreur, comme on le propose aux étudiants, offrez-vous le droit d’essayer, d’oser, de mettre en pratique.
Mon 2ème conseil serait de vous offrir des espaces de développement professionnel parce qu’effectivement, pour oser, il faut pouvoir aller chercher des idées, faire valoir ce que vous mettez en place, faire valoir ce que vous faites en classe, faire valoir les démarches dans lesquelles vous vous inscrivez.
Mon dernier conseil serait : essayer d’évaluer de manière rigoureuse les processus d’enseignement et d’apprentissage que vous mettez en place. Alors souvent, on est beaucoup dans la mise en action, on réalise notre activité, on se met en position, on va entrer dans le concret des choses mais on prend peu de temps finalement pour évaluer ce que l’on a mis en place. Mon 3ème conseil, c’est donc de proposer une évaluation rigoureuse des stratégies pédagogiques, et évidemment, pour y arriver de manière intéressante, c’est de se faire aider. Le CAP, en ce sens-là me semble être un bon lieu de travail. Donc mon conseil aussi serait : allez voir les collègues du CAP ! Ils sont là pour vous accompagner dans votre développement professionnel, et le développement professionnel, ça se fait tout au long de notre carrière. Donc retrouvez le plaisir d’être en classe, que l’on soit en présence, à distance ou même sous forme hybride mais en tout cas le plaisir de l’enseignement et de favoriser les apprentissages des étudiants.

Thématique(s)
Témoignage CAP
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Mise à jour le 21 mars 2022